VERSION FEMINA, Anne Michelet, samedi 10-dimanche 11 septembre 2022


On ne guérit jamais de son enfance, mais c’est parfois pour le meilleur, comme le démontre la talentueuse écrivaine d’origine géorgienne. Après nous avoir émus, notamment avec La Mer Noire (Prix du roman Version Femina en 2010) et L’Autre Joseph, elle nous emmène sur les chemins de l’exil familial.
Chaque été, Daredjane, une ancienne danseuse du Ballet national de Géorgie, installée en France par amour pour le solaire Tamaz, part avec ses deux filles passer ses vacances dans son pays natal, à Tbilissi et dans leur maison des montagnes d’Abkhazie. À ses yeux, il est essentiel que Kesanné et Tina connaissent leur histoire et gardent les liens avec leurs grands-parents. Au retour, des années 70 à la fin des années 80, elles affrontent les mêmes brimades à l’aéroport de Moscou, escale obligatoire, où les douanières fouillent et menacent les enfants. Trente ans après, Kessané est devenue journaliste, tandis que Tina a choisi la danse. En Provence, l’aînée accueille sa mère, veuve et malheureuse. Les deux sœurs qui s’aimaient tant se détestent désormais.
Dans ce roman remarquablement construit entre le passé et le présent, Kéthévane Davrichewy retrace le destin d’une famille malmenée par la grande et la petite histoire de la vie. En véritable artiste, elle tisse délicatement les fils de la mémoire et nous offre un livre merveilleux, fin, sensible et juste que l’on savoure jusqu’à la dernière page.