TÉLÉRAMA, Christine Ferniot, mercredi 5 décembre 2012


« Pour mieux observer ses personnages, l’Irlandaise Claire Keegan ne se place pas au-dessus d’eux, mais juste derrière. Elle cherche dans leurs attitudes et leurs gestes l’expression la plus juste de leurs sentiments : dos fatigué, mais frémissantes, démarche impatiente ou froncement de sourcils. L’Irlande qu’elle évoque semble de toute éternité, où les femmes restent debout derrière les hommes, silencieuses et dures au mal. […]
Née dans une ferme irlandaise, Claire Keegan a quitté son pays pour mieux y revenir. Elle aussi avait besoin de voir ses personnages passer devant chez elle : un prêtre qui interroge Dieu et lui préfère la nature, un époux qui découvre le gouffre de l’abandon, un fils refusant le poids des relations familiales. Tous sont au bord de la falaise et Claire Keegan ne cherche pas à les retenir, elle est juste dans leur ombre, écoute leur souffle, pour décrire en peu de mots d’une justesse imparable les douleurs de l’absence, la solitude absolue et l’hypocrisie sexuelle. »